Réaménagement des espaces urbains post covid-19 :
entre distanciation sociale, hygiène et convivialité
En imposant de nouvelles règles de comportement dans l’espace public, et notamment la fameuse « distanciation sociale », l’épidémie de coronavirus a obligé les collectivités à imaginer de nouveaux modèles d’aménagement des espaces urbains. Les rues, parcs et espaces verts, places de village ou de mairie, sont réaménagés, ainsi que les espaces extérieurs des établissements recevant du public : Ehpads et autres établissements médico-sociaux, mairies, écoles... L’aménagement de la commune est désormais au cœur d’une vaste réflexion. Quels équipements et mobiliers urbains utiliser pour réinventer les espaces collectifs extérieurs ?
Pendant le confinement, l’épidémie du Covid-19 a mis en lumière la formidable faculté d’adaptation des citoyens et des responsables de collectivités. Mais s’adapter, c’est aussi pouvoir passer facilement d’un modèle à l’autre : du confinement au déconfinement ; de la restriction à davantage de liberté dans l’espace public. Cela requiert une certaine flexibilité des équipements et aménagements. On pense à la notion d’« urbanisme tactique » : ce concept provenant des États-Unis repose sur des « aménagements temporaires qui utilisent du mobilier facile à installer (et à désinstaller) pour démontrer les changements possibles à l’aménagement d’une rue, d’une intersection ou d’un espace public », explique un site web canadien dédié à l’urbanisme participatif.
Des espaces urbains parfois détournés
Pendant le confinement, nous avons pu contempler un espace collectif déserté, « reposé » aussi parfois, comme dans les parcs où la nature a repris ses droits. L’usage des différents éléments de l’espace urbain a parfois aussi été détourné : pendant leurs sorties, les usagers, leur autorisation de déplacement en poche, se surprenaient à marcher sur la chaussée, aux heures les plus creuses. Les commerces alimentaires ont organisé leurs files d’attente sur les trottoirs à l’extérieur de leur établissement, en utilisant un marquage au sol pour assurer la bonne distance entre les personnes, et de manière à limiter le nombre de clients présents en boutique. Les joggers privés de parcs ont foulé le bitume beaucoup plus que d’habitude.
Bref, chacun a utilisé l’espace différemment. Et finalement, au-delà des frustrations et des angoisses liées au confinement, cette situation a ouvert de nouvelles perspectives. Depuis le 11 mai, avec la reprise progressive du travail et de l’activité, les collectivités réfléchissent à de nouveaux aménagements pour leurs espaces extérieurs.
Proposer du mobilier urbain accueillant et facile d’entretien
Après avoir été privés de parcs et d’espaces verts, les usagers sont aujourd’hui nombreux à s’y installer le temps d’un pique-nique ou d’un moment entre amis, sur l’herbe et sous les arbres. On peut leur proposer du mobilier d’extérieur, comme de confortables tables-bancs. Plus que jamais, on choisit du mobilier facile à nettoyer, en plastique recyclé par exemple, écologique et particulièrement résistant.
Toujours dans les parcs, mais aussi sur certains trottoirs, places de village ou de mairie, on pense à proposer des assises accueillantes, comme des bancs et des banquettes urbaines, qui permettront à chacun de se poser un moment. Si la distanciation sociale est nécessaire, on applique sur ces assises un marquage adhésif temporaire, rappelant de laisser une place vide entre les usagers.
Certains bancs et banquettes sont modulables, et présentent l’avantage de pouvoir être déplacés et éloignés les uns des autres quand la distanciation physique entre de petits groupes de personnes doit être appliquée. Ce mobilier peut être en acier, ou en bois métal.
Transformer les espaces de circulation
Après avoir été confinés, on a besoin de respirer. On privilégie les modes de transports doux, non seulement pour éviter les bus, trams et métros bondés mais aussi pour limiter les sources de pollution : nous avons tous été impressionnés par la baisse des émissions de CO2 et de particules diverses pendant le confinement et chacun aimerait que cela perdure après le retour à une activité normale... Le nombre de cyclistes a aujourd’hui globalement augmenté, notamment pour les trajets entre le domicile et le travail.
Pour accueillir au mieux ce mouvement général, les communes peuvent s’équiper en râteliers cycles. Ces installations permettront aux usagers de garer soigneusement leurs vélos, sans gêner les piétons, qui eux aussi se sont multipliés après le confinement. De nombreuses communes ont piétonnisé des rues. Cela répond aussi au besoin des responsables d’établissements de restauration : ils ont ainsi pu installer et agrandir leurs terrasses afin d’accueillir davantage de clients, dont le nombre en salle doit être réduit pour respecter la distanciation.
Sécuriser les nouvelles voies et zones piétonnes
L’urbanisme tactique prend ici tout son sens : on utilise des cônes de signalisation pour élargir les trottoirs ou réquisitionner des places de parking ; du côté des équipements de voierie, on installe une signalisation temporaire, comme des triangles ou des panneaux fléchés, pour avertir d’une déviation et indiquer un nouvel itinéraire.
Pour limiter la vitesse à l’approche d’une zone piétonne, on dispose des ralentisseurs aux caractéristiques géométriques et matériaux conformes aux normes en vigueur et respectueux de l’environnement (avec du caoutchouc 100% recyclé par exemple).
Des barrières de sécurité, extensibles et amovibles permettront de sécuriser l’accès aux rues piétonnisées, tout comme le recours à des poteaux ou des bornes potelets.
Aménager les terrasses temporaires ou permanentes
Les espaces de restauration extérieure sont réaménagés pour s’implanter dans ce nouvel espace urbain : certains pratiquent l’« up-cycling » et utilisent du matériel qui n’était à l’origine pas prévu pour cela, comme des palettes en bois pour délimiter une terrasse mordant sur la rue. Finalement, ce petit côté « rustique », souvent très esthétique, valorise l’espace publique en le rendant plus joli et accueillant.
Certains établissements qui n’avaient auparavant pas de service en terrasse ont habillé le trottoir d’un joli mobilier de restauration extérieure, avec des chaises et des tables particulièrement attractives. On voit fleurir çà et là des tables style mange-debout, ou des guéridons, qui soulignent l’aspect ponctuel de l’installation, ou son côté « lieu de passage ». Ici, on se pose juste quelques instants pour prendre un café ou un sandwich.
Devant certains établissements, tables et chaises sont regroupées sur les trottoirs en petits ilots, suffisamment espacés pour veiller à la distanciation entre les groupes de clients venus se restaurer en famille ou entre amis. Le soir, ces tables sont éclairées par les lampadaires urbains, ce qui donne un petit air insolite et féérique à certains quartiers de la ville.
Repenser le mobilier des jardins et terrasses de collectivités
Dans certaines collectivités comme les Ehpads ou les établissements médico-sociaux, on préfère organiser les visites dans les espaces extérieurs, que l’on réaménage pour l’occasion. On crée des ilots pour permettre aux familles et aux petits groupes de se réunir en préservant la distance avec les autres usagers. On installe des parasols, des tables et des assises légères mais stables et faciles à nettoyer. A côté des traditionnelles chaises de jardin, on peut disposer des fauteuils monoblocs en polyéthylène HD, très faciles d’entretien.
Même constat dans les collectivités dédiées au travail, comme les coworkings : les espaces en plein air devront là aussi être revus à la lumière des nouvelles consignes sanitaires. On s’arrange pour installer du mobilier d’extérieur flexible, facile à déplacer, à assembler ou à séparer pour, en fonction des besoins, générer plus ou moins d’espace entre les usagers.
Mettre du matériel d’hygiène à disposition des usagers
Désormais, se laver les mains fréquemment est devenu un réflexe et fait partie des fameux « gestes barrière ». A l’entrée dans un établissement recevant du public, le distributeur de gel hydroalcoolique attend les visiteurs, installé sur une borne ou présenté par un employé. Mais en extérieur aussi, pouvoir se laver les mains est important. Certaines communes ont installé des distributeurs de gel hydroalcoolique au niveau des arrêts de bus. C’est particulièrement appréciable pour les usagers qui descendent du véhicule et qui souhaitent se laver les mains après s’être tenu aux barres et poignées de maintien pendant leur trajet.
Le fait d’avoir accès à du gel hydroalcoolique dans la rue est également très utile quand a touché un écran tactile, le clavier d’un distributeur de billets, ou celui d’un parcmètre... Sans parler des échanges de monnaies quand on ne peut utiliser les modes de paiement sans contact.
Les lingettes désinfectantes seront également les bienvenues dans les espaces extérieurs équipés de chaises, tables ou tables-bancs. Elles permettront aux usagers de désinfecter les surfaces et le mobilier qu’ils auront utilisés, avant et après leur passage : un geste qui pourrait bien désormais faire partie des comportements sociaux élémentaires.
Multiplier les poubelles urbaines et corbeilles de rue
Les masques jonchant le sol sur la voie publique se sont multipliés, ce qui représente non seulement une nuisance mais aussi un risque infectieux pour les équipes de nettoyage... ou pour les enfants, quand ils sont à l’âge où l’on ramasse tout ce qui traîne ! Pour faciliter la collecte des déchets et préserver la propreté extérieure, on multiplie les poubelles urbaines et les corbeilles de rues, les cendriers-poubelles ou encore les supports de sacs.
Cela permettra à chacun de se débarrasser proprement de son mouchoir, de sa lingette ou de son masque. On veille à choisir des poubelles à l’ouverture suffisamment large, pour permettre aux usagers d’y déposer facilement leurs déchets, sans risquer de les faire tomber à côté sous l’effet d’un coup de vent !
Organiser la désinfection des espaces extérieurs
Les collectivités réfléchissent aussi à l’organisation de la désinfection des équipements et du mobilier d’extérieur dans les espaces urbains. Certaines d’entre elles mettent d’ores et déjà en place un service de nettoyage spécifique, avec des équipes dédiées, qui devront disposer de tout le matériel d’hygiène et des produits désinfectants nécessaires à leur mission.
Et pour permettre aux visiteurs de passer facilement de l’extérieur à l’intérieur d’un bâtiment, on équipe l’entrée des collectivités de tout ce qu’il faut : bornes de désinfection des mains, masques, mais aussi lingettes désinfectantes et mouchoirs... toujours avec suffisamment de poubelles pour les jeter !
Retour à l'index des guides > Aménagement extérieur > Réaménagement des espaces urbains post covid-19 : entre distanciation sociale, hygiène et convivialité